J’étais dans un décor de vaisseau sombre… Et pour cause, mon vaisseau avait subi de gros dégâts face à celui que dirigeaient les héros de l’histoire. Il m’avait tiré dessus avec des rayons lasers qui avaient pénétré mes boucliers et je n’avais plus de courant. Bientôt, le système de survie allait tomber en rade.

Il fallait que je communique avec la planète la plus proche, afin d’y trouver asile au plus vite. J’avais déjà conquis plusieurs planètes, les gardant sous mon joug d’une main de fer… J’étais en effet le représentant d’une race de guerrier conquérant, mais qui avaient également des compétences intellectuelles très avancée. Et cela ne plaisait pas à tout le monde.

Mon style ? Des vêtements noirs qui faisaient ressortir mes cheveux, teins en blanc pour l’occasion alors que River Moriarty, lui, avaient les cheveux pratiquement noirs. Mes yeux avaient des iris blancs eux aussi, laissant visible seulement ma pupille noire. J’adorais ce style…

Je trouvais une radio, le genre vieille technologie pour l’époque à laquelle se passait l’intrigue de Galactic Wars.

Et je dis pour moi-même.

-Essayez d’intercepter ça, bande d’enfoirés.

J’appuyai sur le PTT de la radio et lançai :

-Ici Iwan Denobulan en orbite de la planète Guran 3 ! Est-ce que quelqu’un me reçoit ?

Il y eu des grésillements puis un acteur bien caché quelque part dans le studio répondit en jouant son rôle.

-Nous vous recevons, Maître Iwan.

Je souris, un sourire carnassier dont j’avais le secret. Ce ne serait pas encore aujourd’hui que le général Anton mettrait la main sur moi. Ce ne serait pas encore aujourd’hui que mon règne tyrannique prendrait fin dans cette galaxie.

-Je vais entrer dans votre atmosphère. Préparez le tapis rouge et déployez les boucliers autour de mon palais.

Un de mes palais. Un de mes nombreux QG où toutes les femmes représentant toutes les espèces que j’avais en mon pouvoir étaient là pour réaliser le moindre de mes désirs.

Et alors que je continuais ma scène, j’aperçu Hugh, bien caché dans l’ombre au-delà des caméras braquées sur moi… Je souris, mais ça ne gâchait pas la scène, que du contraire, car c’était un sourire satisfait, le sourire d’un conquérant.

Sauf que Maxwell finit par le voir aussi et, montant directement sur ses grands chevaux, hurla.

-COUPEZ ! Crusher ! Qu’est-ce que tu fous ici ?! J’en ai marre que vous, enfoirés de shippies, marchiez sur mes plate-bande.

Je sortis alors du décor et posai ma main sur l’épaule de Maxwell qui s’était mis à postillonner sur ce pauvre Hugh.

-Relax, Joe… C’est mon invité…

Maxwell se tourna vers moi, plus surpris que fâché d’un coup…

-Mais qu’est-ce que c’est que ce cirque ?!

Je haussai les épaules.

-C’est un ami, c’est tout.

Je souris à Hugh et, dans un geste que j’aurais voulu naturel mais qui ne l’étais pas, je fis l’accolade à Hugh…

-Bienvenue dans Galactic Wars, Hugh… Ne fais pas attention à Joe… Il a reçu la visite de deux de tes compères, l’autre nuit. Comment tu vas ?

L.A. avait été secoué par plusieurs mauvaises nouvelles assez tragiques. Je ne connaissais pas personnellement Samantha Ricci et Eleanor Harris mais je savais que cette dernière était une protégée de Brent et qu’il avait été affecté par son décès. Et il n’y avait rien n’à faire… J’étais tellement sensible que même si je ne connaissais pas ces femmes, ça m’affectais tout de même un peu.

Alors quand River m’avait invité sur le plateau de Galactic Wars, j’avais dit « oui », sans hésiter. Je ne m’attendais pas à une telle demande et ça avait mis un peu de soleil dans la grisaille ambiante qu’il y avait dans cette ville. J’avais envie de passer du temps avec River car il continuait à rester une sorte d’énigme pour moi. Une énigme que j’avais envie de résoudre. Parce qu’il n’y avait pas un seul jour où je ne pensais pas à lui au point même de me projeter peut-être un peu trop loin dans l’avenir…

Du coup, j’avais débarqué sur le plateau de Galactic Wars alors que j’avais, aujourd’hui, l’après-midi de congé. Ce plateau était bien plus grand que celui de Spaceship. J’étais impressionné par ce que je voyais… Les décors… Le nombres de personnes qui travaillaient ici… Tout était immense. Je comprenais mieux, maintenant, pourquoi ça rendait si bien à l’écran. C’est parce Galactic Wars était une véritable machine de guerre…

Une machine de guerre qui avait un antagoniste de choix : River Moriarty a.k.a. Iwan Denobulan. Je le regardais, depuis mon petit coin d’ombre, performer dans un rôle de tyran. Ses cheveux blancs lui donnait un petit style auquel je n’étais pas indifférent, je devais bien l’avouer. Même si ça fait un moment maintenant que tout en River ne me laissait plus indifférent. Ses iris blanches elles aussi étaient, par contre, assez effrayantes ce qui donnait plus d’intensité à son personnage.

River était un excellent acteur. J’étais totalement captivé par sa scène au point où je m’avançai un peu trop sortant légèrement de l’ombre… J’avais, jusqu’ici, fait en sorte de ne pas trop être vu par quiconque… Surtout par Maxwell, en fait, parce que j’étais au courant de ce qu’il s’était passé il y a plus d’une semaine avec l’intrusion de Brent et Shran ici-même. Je savais que Maxwell avait l’intention de porter plainte et je doutais qu’il ait envie de voir la moindre personne liée à Spaceship ici… Même si, j’avais, théoriquement, le droit d’être ici vu que j’étais invité par River.

Et pour cause, Maxwell finit par me voir et couper la scène me faisant sursauter quand il cracha mon nom. Je me tournai vers lui. Il avait, sur la joue, une énorme pensement… Il parait que Shran lui a cassé la pommette… Ce pensement était certainement une preuve que tout ça était vrai.

Je m tournai vers Maxwell, l’air embêté…

-Je…

Ne savais pas vraiment quoi dire sur le coup mais, heureusement, River finit par sortir du décor pour dire à Maxwell que j’étais son invité. Apparemment, il n’avait pas prévenu le réalisateur ce qui me laissa un peu mal à l’aise. Maxwell s’exclama avant que River ne dise que j’étais son ami… C’est tout… Oui… Ami, c’est tout.

C’était bien ça, non ?

Oui…

River vint alors me faire l’accolade d’une façon un peu… Je ne sais pas… Comme si River faisait ça sans vraiment de spontanéité. Mais je remis mon sentiment sur le fait que je n’étais pas vraiment à l’aise vis-à-vis de la réaction de Joe Maxwell. Je lui rendis son accolade.

River me dit de ne pas faire attention à Joe et j’affichai un sourire timide…

-Salut… Merci… Je sais pour Shran et Brent… Enora Lee n’était pas très contente. Je pense qu’ils regrettent ce qu’ils ont fait.

Ce n’était pas vrai. Enfin, pas tout à fait… Mais je me disais que si Maxwell entendait ça, il n’ira pas jusqu’à porter plainte. L’espoir fait vivre comme on dit…

River me demanda comment j’allais. Je souris un peu plus franchement.

-Je vais bien. Je travaille beaucoup pour le moment. Mais j’aime ça alors c’est plutôt positif.

Je regardai ensuite vers Maxwell.

-Je ne viens qu’en visiteur… Promis. Tu ne remarqueras même pas que je suis là… Je ne saboterais rien. Je viens juste voir River, c’est tout.

Je reposai mon regard vers River affichant un petit sourire.

-J’ai adoré ta scène. Tu as vraiment bien joué. Tu es effrayant avec ces lentilles, tu sais ? C’est vraiment le genre de rôle qui te plait, n’est-ce pas ?

Il m’avait dit aimer les rôles d’antagoniste et son personnage était un réel antagoniste sans possibilité de rédemption.

Quand je me pointai hors du décor pour aller vers Hugh qui était déjà en train de se faire houspiller par Joe, je ne réalisai pas la portée de ce que j’annonçai à Maxwell. J’avais dit que Hugh était « un ami, c’est tout »… N’ayant pas vraiment une empathie très développée, je ne pensais pas que cette simple phrase pourrait faire travailler les méninges et le cœur de Hugh…

Mais je le vis décontenancé, même si je ne savais pas pourquoi… Et à vrai dire, ça m’amusait. Parce que je lui faisais de l’effet, parce que je faisais aller son cerveau dans tous les sens comme un rat piégé dans un labyrinthe sans issue… Et moi, j’étais le scientifique qui prenait des notes.

Par contre, les états d’âme de Maxwell, qui portait un pansement bien plus volumineux que nécessaire juste pour que tout le monde voie bien qu’il avait été agressé par Stephen Shran, je n’en avais rien à foutre.

Hugh était mon invité. J’avais le droit d’inviter qui je voulais.

Alors je dis à l’acteur de ne pas y faire attention non plus. Hugh en profita tout de même pour dire que Shran et Hughes regrettaient ce qu’ils avaient fait la semaine dernière.

-Qu’ils regrettent ou non, je n’en ai rien à foutre ; ils n’avaient qu’à réfléchir avant ! Je vais détruire leurs carrières !

Je le regardai, faisant la moue, blasé.

-Si Kate Julian tourne toujours après ce qu’elle a fait, ce n’est pas une bisbrouille entre deux séries rivales qui va détruire la carrière de qui que ce soit…

Je disais cela non pas parce que j’en avais la conviction, mais pour que Hugh pense que j’étais dans son camp. En réalité, je n’étais dans aucun camp. L’issue du procès qui allait avoir lieu entre Maxwell, Shran et Hughes m’intéressait peu puisqu’aucune des deux séries n’était sur la sellette pour la cause. Tout ce qui sera déterminé, ce sera à combien s’élevait les dommages physiques et moraux causé par deux types bourrés qui avaient envie de s’amuser. Une histoire de sous, en gros.

J’avais fait l’accolade à Hugh, mais un peu raide parce que je n’avais pas vraiment l’habitude des grandes expressions émotionnelles… Je pouvais certes les imiter devant la caméra mais… devant la caméra, River Moriarty n’existait plus. Ce n’était pas moi.

Je demandai à Hugh comment il allait, il disait travailler beaucoup. Je lui souris. Puis il affirma qu’il n’était là qu’en visiteur et pas pour foutre la merde. Joe eut un reniflement méprisant.

-On va profiter de la pause. Hein, que c’est la pause, Joe.

Je regardai Maxwell droit dans les yeux. Je savais que j’avais un regard dérangeant, mais avec mes lentilles blanches, c’était encore pire.

-Oui, vas-y. Eloigne-moi ce shippies d’ici.

Je passai mon bras autour des épaules de Hugh et m’éloignai du plateau où se préparait déjà une autre scène. Nous arrivâmes dans l’ombre, là où j’avais installé ma chaise, un peu à l’écart des autres.

Hugh, lui, disait avoir vraiment apprécié ma scène et que j’étais effrayant avec mes lentilles. Je lui souris, complice.

-Seulement effrayant ?

Il savait que c’était le genre de rôle qui me plaisait.

-Ouais… Et comme dans Keeping Our Lands, Iwan Denobulan est un personnage récurrent. Je vais pouvoir le construire, me l’approprier. Si tu as aimé ce que j’ai fait aujourd’hui, tu aimeras encore plus ce personnage plus tard, quand je l’aurai bien en main.

Je fis une moue de réflexion.

-J’aimerais bien être ce genre d’antagoniste qui, chez les fans, engendre une forme de fascination. J’y étais presque arrivé avec Kraken. J’ai mes fans. Mais ici, j’aurai encore plus de temps.

Signe que la série marchait vraiment bien… Je m’assis sur ma chaise… et regardai autour de moi.

-Je ne vois pas d’autre chaise… au pire…

Je rigolai…

-Au pire, tu t’assieds sur mes genoux. Quoi de neuf, de ton côté ? Tu vis toujours chez Brent Hughes ?

Ma présence sur le plateau avait été repérée par Maxwell et autant vous dire qu’il n’était pas spécialement content de me voir ici. Je savais ce que Shran et Brent avait fait et il semblerait que Maxwell ait décidé de mettre tout ceux qui travaille sur Spaceship dans le même sac…

Heureusement, River arriva à ma rescousse déclarant que j’étais invité par lui. S’il n’était pas intervenu, nul doute que Maxwell m’aurait mis dehors sans vraiment de délicatesse. Malgré tout, je fis une tentative d’adoucir l’humeur de Maxwell et sa colère envers Brent et Shran en disant que mes deux amis regrettaient ce qu’il s’était passé l’autre jour. Mais c’était loin de suffire car Maxwell avait bien l’intention de détruire leur carrière. Mes lèvres se pincèrent… Avec ce qu’avait fait Brent et Shran, il sera difficile à Maxwell de détruire leur carrière mais je savais qu’il pouvait facilement bien les emmerder… D’ailleurs River ne tarda pas à lancer que Maxwell aura bien du mal d’arriver à ses fins si quelqu’un comme Kate Julian avait réussi à s’en sortir. Il avait plus que raison et je lui souris d’un sourire reconnaissant avant de regarder, à nouveau, Maxwell.

-Ils ne méritent pas ça, Joe… Ils ont fait une connerie mais ils ne méritent quand même pas ça…

J’avais usé d’un peu de courage pour lui dire ça… Mais c’est ce que je pensais.

Ce fut, ensuite, sur River que je me centrai. J’étais ici pour lui. Je lui expliquai que je travaillais beaucoup dernièrement et j’ajoutai que je n’étais pas ici pour foutre la merde. River sembla alors enclin à s’octroyer une pause ce qui fut accepté par Maxwell qui semblait ne pas vouloir m’avoir dans son champ de vision renforçant légèrement mon malaise vis-à-vis de lui.

River m’entraina plus lui ses bras atour de mes épaules. Une proximité qui me plaisait mais, en même temps, je ne pouvais m’empêcher de regarder autour de nous pour voir si les gens nous regardaient de travers ou non.

Une fois qu’on fut un pu à l’écart, je finis par donné mon appréciation sur ce que je venais de voir et sur le maquillage de River qui le rendait assez effrayant. Je souris à son sourire.

-Très effrayant.

Je rigolai un peu essayant de me détendre maintenant que Maxwell n’était plus à proximité.

River confirma que ce rôle lui plaisait. Il était aussi content que son personnage soit récurrence ce qui lui permettra de le développer. Il n’y avait rien de mieux pour un acteur d’avoir le temps de pouvoir développer son personnage. J’avais cette chance là avec Five aussi.

-J’ai hâte de voir ce que ça donnera à l’écran. Et de voir aussi comment Iwan évoluera. En tout cas, il fait froid dans le dos. C’est une vraie menace pour les protagonistes. Ça manquait un peu de ça au début de la série.

Je lui prouvais, par-là, que j’avais rattrapé mon retard et que j’avais regardé les autres épisodes de Galactic Wars. Juste pour lui…

Il affirma qu’il aimerait être le genre d’antagoniste qui fascine les fans. Je souris comprenant où il voulait en venir.

-Je vois ce que tu veux dire. Je suis sûr que tu y arriveras. Tu es un excellent acteur.

Il l’était. Je m’étais refais tous ces films et séries récemment et il était vraiment doué. Effrayant et fascinant à la fois.

Il s’installa sur une chaise mais il n’y en avait aucune autre autour de nous. Il rigola disant que je pouvais m’asseoir sur ses genoux. Cette proposition me fit regarder autour de moi. Si je refusais, il allait peut-être se faire des idées sur mes intentions… Mais si j’acceptes, les autres, autour, vont peut-être s’imaginer des choses…

-Heu…

Décide Hugh…

Mon hésitation dû se voir parce que je n’avais pas répondu directement à sa question. Je finis par bafouiller restant, pour l’instant, debout :

-Heu… Ouais, je vis toujours chez Brent Hughes. Même si lui et moi on passe pas mal de temps aux studios. Du coup, je ne suis pas tellement souvent à l’appartement… Sauf pour dormir.

Je finis par prendre mon courage à deux mains et m’assis sur ses genoux. Une fois assis, j’eus un moment d’hésitation parce qu’il se pourrait bien que River avait vraiment dit ça sur le ton de la blague.

Merde…

Trop tard…

Je bafouillai à nouveau.

-Et… Il n’y a rien de bien neuf de mon côté. Je bosse… C’est à peu près tout ce que je fais. Je n’ai pas à me plaindre. Il y a des gens qui ont bien plus à se plaindre que moi… Quand je lis L.A.People, c’est ce que je me dis.

Je faisais référence aux dernières nouvelles en date, bien sûr.

-Et toi ? En dehors de bosser, tu fais quoi ?

Joe était furieux, mais ça ne me faisait ni chaud ni froid. Il n’y avait pas grand-chose qui me faisait avoir des sensations, en fait, en dehors de jouer des scènes trash qui me permettait d’assouvir, pour du faux, mes déviances les plus pressantes… Ou jouer à manipuler les autres…

C’était ce que je faisais avec Hugh, bien que je n’en aie qu’à moitié conscience. Le fait était que j’aimais bien être avec Hugh. Pas parce que j’étais amoureux de lui. Je ne ressentais pas d’attirance sexuelle non plus pour lui. Mais il était tellement… tellement…

Comment dire ?

Emotif… Et du coup, c’était comme si je pouvais vivre ses sentiments par procuration. C’était pour ça que je voulais lui faire ressentir des choses. C’était aussi quelque chose que je découvrais : je pouvais influencer les sentiments et les sensations des gens…

Bref, j’étais en plein expérimentation…

La question était : jusqu’où est-ce que j’étais prêt à aller ?

J’étais plongé dans ces réflexions alors que Hugh essayait encore désespérément de défendre ses amis Shran et Hughes auprès de Maxwell.

Mais c’était peine perdue : quand Joe avait quelque chose en tête, il ne l’avait pas ailleurs.

On partit alors se mettre à l’écart, moi un bras autour des épaules de Hugh qui se mit à regarder tout autour de nous comme si on était en train de faire quelque chose de très répréhensible.

De ma main qui était près de sa joue, je fis dévier son regard vers moi.

-Qu’est-ce que tu regardes ? Les aliens ici sont faux, aucun d’eux ne va te bouffer.

On parla ensuite de mon jeu. Hugh me trouvait effrayant mais je voulais aller au-delà d’effrayer les gens. Je voulais à la fois les dégoûter et les fasciner. Il fallait que je trouve ce juste équilibre qui rend même un personnage très méchant irrésistiblement attachant.

Hugh semblait maintenant plus détendu et je m’assis sur ma chaise. Hugh, lui, disait que le personnage d’Iwan était ce qu’il manquait au début de Galactic Wars.

Je lui souris.

-C’est un beau compliment, merci. C’est vrai que ce personnage que j’incarne est un peu moins « caricatural » que les autres. En tout cas, c’est ce que j’essaye d’apporter. Un peu plus de nuance.

Je le regardai en coin…

-Je vois que tu as fait des infidélités à Spaceship en regardant Galactic Wars… C’est mal ça, mon petit Hugh, très mal…

Et je ricanai… J’essayais de faire de l’humour mais mes expressions étaient plus dérangeantes que drôles.

Je lui proposai de s’asseoir sur mes genoux et encore une fois, il regarda partout ailleurs. Mais je laissai tranquillement l’idée et l’envie faire son chemin dans le chef de mon collègue acteur.

Il préféra, dans un premier lieu, répondre à ma question sur son squat chez Brent Hughes. Il y vivait toujours même s’il n’y était que pour dormir tellement il travaillait.

-Oh… j’ai donc eu droit à un privilège en découvrant ton appartement l’autre jour.

Il finit par s’asseoir sur mes genoux. Quand il fut installé, sans vraiment le caresser, je plaçai ma main à plat contre le bas de son dos. Pour lui, ce serait peut-être une marque d’attirance… Pour moi, c’était plus pour garder mon emprise, qui grandissait, sur lui.

Bien qu’un peu troublé, ce qui me plut beaucoup, il continua la conversation comme s’il était toujours debout à côté de moi. Il parla de son travail et des mauvaises nouvelles que semblait distiller L.A.People pour l’instant et qui, moi, m’avaient fait bien rire. Je pinçai les lèvres pour ne pas sourire et avoir l’air plus embêté qu’autre chose.

-Je sais… J’ai tourné le clip de Be Mine ! avec Samatha Ricci… ça m’a fait bizarre d’apprendre qu’elle était morte… Surtout de cette façon… Mais ça ne m’a pas rendu triste.

Non, j’avais plutôt éclaté de rire en me disant que c’était bien fait pour sa gueule.

-Elle ne m’était pas vraiment sympathique, si tu vois ce que je veux dire. Elle était plutôt froide avec tout le monde et Izbel ne pouvait pas l’encadrer.

Hugh me demanda ce que je faisais en dehors de bosser.

-J’essaye de me reconstruire une vie sociale que mon internement a bousillé… mais ce n’est pas facile.

J’avais mal joué mon coup avec Nathan et McKenzie… Et j’avais été gentiment mis à la porte.

-Sinon, toi, tu as trouvé un agent, finalement ?

River nous entraina plus loin. Là où Maxwell ne pourra pas me montrer à quel point il pense que je ne suis qu’un parasite en visite sur son tournage. Je savais que sa rivalité avec Shran ne datait pas d’hier mais je crois que je viens de me rendre compte à quel point ça s’était empiré avec les années. Pour Maxwell être un Shippies semblait être la pire des maladies.

River avait passé son bras autour de mes épaules. Un geste qui me fit, inévitablement, regarder autour de moi en recherche de regards curieux. Mais River me ramena à le regarder lui se demandant pourquoi je regardait autour de moi, tout ça avec un trait d’humour.

-Je sais… Je… Je suis juste curieux, c’est tout. C’est la première fois que je viens sur ce plateau.

Je mentais. C’est parce que j’avais peur que les gens se fassent des idées que je regardais autour de nous. J’étais, à nouveau, au-devant de la scène et mes anciennes peurs revenaient, elles aussi, au galop.

River finit par s’installer sur une chaise alors qu’on se mit à parler de son rôle dans la série. De ce que je venais de voir, ça allait vraiment bien donner et ça permettra à Galactic Wars d’avoir un méchant digne de ce nom. River confirma que son personnage était moins caricatural que ce qui avait été vu dans les premiers épisodes de la série.

-Pour l’instant, tu y arrives avec brio. De ce que j’ai pu voir aujourd’hui, en tout cas.

Je pris, ensuite, un air un peu embêté quand River tenta de blagué sur le fait que c’était mal de faire des infidélités à Spaceship. Il n’imaginait pas à quel point... Chaque fois que je regardais un épisode, je culpabilisait alors qu’il n’y avait aucune raison à ça.

-Tu n’imagines pas à quel point c’est mal… Si Shran sait que je regarde ça avidement, il risquerait bien de me tuer. Mais bon… J’enregistre les épisodes de Galactic Wars… Je les regardes pas en direct… Sinon, là, je me ferais réellement tuer parce que Spaceship passe en même temps.

River me déstabilisa, ensuite, quand il déclara que, à défaut d’avoir une autre chaise à proximité, je pouvais m’installer sur ses genoux. J’hésitai et pour me laisser du temps, je préférai, d’abord, répondre à sa question sur ma collocation avec Brent. River me fit légèrement rougir quand il disait que, lui, avait, donc, eut le privilège de voir mon propre appartement.

-Oui. Tu es le premier à l’avoir visité.

Je finis par m’asseoir sur ses genoux. C’était peut-être une mauvaise idée mais, maintenant, c’était trop tard pour reculer. Mais River ne protesta pas. Je sentis même sa main dans le bas de mon dos. Encore un geste que je surinterprétait, probablement.

C’est légèrement troublé par tout ça que je finis par expliquer que, pour l’instant, je ne faisais que bosser… Je fis aussi références aux récents malheur rapportés par L.A.People. River affirma avoir connu Samantha Ricci parce qu’il avait tourné dans un clip de The Lightening. Il disait que ça ne l’avait pas nécessairement rendu triste qu’elle soit morte mais que ça lui avait fait bizarre. Apparemment, il n’appréciait pas plus que ça la défunte femme de Ricci. Moi, je ne la connaissais absolument pas alors je ne pouvais pas juger.

-Moi, je ne le connaissait pas mais sa mort m’a fait un drôle d’effet. J’ai trouvé ça triste… Elle avait des enfants… C’est toute une famille qui est brisée.

C’est surtout à ça que je pensais. Bien sûr, si River la connaissait, il était normal qu’il ait une autre vision des choses.

-Mais, oui, j’avais lu que ce n’était pas l’entente entre elle et Cash Izbel. Par contre, ça allait avec Lighter. Ces deux-là ne sont pas toujours en phase…

Mais quand ils le sont, ça fait de la bonne musique.

-C’est surtout que ça m’a choqué la façon dont elle est morte. Assassinée comme ça en pleine rue. Ça fait froid dans le dos même si, apparemment, elle trainait dans des trucs pas clair.

La mafia, c’était dangereux. Il ne fallait pas en faire partie pour le savoir.

River, de son côté, essayait de se reconstruire une vie sociale. Chose pas facile après un internement injuste et forcé. Parce qu’à force de le fréquenter, je commençais à m dire que Robin North et Jerry The Kid disaient vrai. Il faut dire que Robin connait bien River donc, il sait de qui il parle. Je pris un air compatissant tournant légèrement ma tête vers River. Dans cette position, j’avais peur de trop bouger.

-Je m’en doute… Si tu veux, je pourrais te présenter mes amis ? Plusieurs travaillent dans le milieu du cinéma, en plus…

C’était peut-être, aussi, l’occasion de lui ouvrir des portes.

Je fis alors une petite moue quand River demanda si j’avais trouvé un agent. J’hochai négativement de la tête.

-Non… Enfin… Plusieurs se sont proposés mais j’ai peur de faire le mauvais choix. Par le passé, j’ai toujours choisi de mauvais agents… Du coup, même si j’ai plusieurs non, je ne sais pas qui choisir. Ni même si l’un d’entre eux vaut le coup. Je ne les connais pas… Alors, non. Pour l’instant, je n’en ai pas mais ça devient quand même urgent.

Parce que si je continue sans agent, je vais devoir avoir double de travail…

Hugh m’avait semblé perturbé. Il regardait tout autour de nous comme s’il avait peur de quelque chose… De se faire virer du plateau ? Pas possible si même Maxwell ne l’avait pas déjà fait. Alors quoi ? J’avais du mal à comprendre. Il disait que c’était juste de la curiosité, qu’il n’était jamais venu sur ce plateau… Mais je sentais sa peur. J’étais très fort pour sentir la peur des gens, aussi efficace qu’un requin qui détecte une goutte de sang dans l’océan sur des kilomètres !

Je lui souris.

-Ouais, c’est impressionnant… Mais avec la carrière que tu as, tu en as sûrement vu d’autres.

Bien que c’était vrai que le studio de Galactic Wars était pourvu des dernières technologies en matière de cinéma. C’était ça que les gens aimaient la série… Parce que bon, le scénario était assez basique, même si, sans vouloir me vanter, j’avais l’impression que mon personnage apportait quelque chose en plus. Quelque chose que les premiers épisodes n’avaient pas.

Hugh pensait la même chose, apparemment.

-Merci.

Mais quand je blaguai sur ses infidélités à Spaceship, plutôt que de rire avec moi, Hugh prit un air emprunté. Il disait que si Shran savait, il le tuerait. Mes yeux brillèrent, même si je savais que ce n’était qu’une expression, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer Shran étrangler Hugh. L’étrangler vraiment.

Alors je fronçai les sourcils.

-J’ai entendu dire que Stephen Shran était difficile à vivre et très exigent, mais à ce point-là…

Une fois assis, je lui proposai de prendre place sur mes genoux, à défaut d’avoir une autre chaise à lui proposer. Il sembla hésitant, préférant parler de sa colocation avec Brent Hughes. Je souris quand il m’avoua que j’avais été le premier à visiter son appartement.

-Pourquoi moi ?

C’était une vraie question et j’étais curieux de connaître la réponse… Ou l’esquive qu’il allait trouver. Parce que je savais pertinemment que je lui plaisais.

Il finit par prendre place sur mes genoux et je laissai ma main trainer dans le bas de son dos. Tout en parlant de complètement autre chose : les décès annoncés par L.A. People. Dont celui qui m’avait fait jubiler : celui de Samantha Ricci. Eleanor Harris, je la connaissais aussi, elle était venue me rendre visite au Hollywood Mental Health Center mais désormais, elle me semblait insignifiante. Par contre, le fait qu’elle ait été avec Ward au moment de sa mort m’intriguait.

Hugh ne connaissait pas Samantha Ricci. Moi, je ne l’aimais pas. Mais l’interprète de Five était plein de compassion pour la famille qu’elle laissait derrière elle.

-Daniele Ricci s’en sortira, tu peux me croire. Et les enfants sont jeunes… Ils n’auront que peu de souvenir de Samantha.

Pas de quoi s’en faire, donc.

Il parla alors de la façon dont Samantha avait quitté ce monde, criblée de balle par la mafia. Je me pourléchai les babines comme un charognard devant une carcasse.

-C’est vrai, c’est effrayant…

Mais mon regard dans le vide alors que j’imaginais la scène n’était pas un regard effrayé. C’était un regard fasciné.

Bref, en dehors de ça, Hugh ne faisait que travailler pendant que moi, j’alternais, soi-disant, tournage et reconstruction d’une structure sociale. Mais quand il me proposa de me présenter des gens, je sautai sur l’occasion.

-Ce serait vraiment super ! Je me sens un peu seul, vois-tu… ?

Puis qu’il me donnait une opportunité, je lui demandai s’il s’était trouvé un agent. Et comme la réponse fut négative, je lançai :

-Et pourquoi on ne se partagerait pas le mien ? Henri Finley est une poule mouillée, mais il n’est pas mauvais dans ce qu’il fait. Il pourra te trouver les castings qu’il te faut et te faire inviter aux grands événements se déroulant à L.A.

Je le regardai dans les yeux.

-Ça nous permettra de nous voir plus souvent…

J’avais remis mes regards tout autour de nous sur le fait que j’admirais la grandeur du plateau mais River pensait bien que j’en avais vu d’autres dans ma carrière. En réalité, ma carrière n’était pas si longue que ça avec le hiatus que j’avais eu où je m’étais enfoncé autant dans la drogue que dans les recoins les plus sombres de l’industrie du cinéma.

-En vrai, non. J’ai vu quelques plateaux mais pas des aussi impressionnants que celui-ci.

Et je ne mentais pas. Il faut dire que j’avais joué dans énormément de films de Shran et il n’avait jamais eu de budget lui permettant d’avoir des décors comme ça.

J’avais complimenté le jeu de River ainsi que tout ce qu’il apportait à la série de Maxwell. Je venais de voir, en direct, qu’il gérait vraiment bien cet antagoniste. Il me remercia ce qui me fit sourire. Un sourire qui disparu quand il me parla des infidélités que je faisais à Spaceship en regardant Galactic Wars. Lui voyait ça comme une plaisanterie mais je doutais sincèrement que Shran soit très heureux d’apprendre que je regardais la série de Maxwell et ça, peu importe la raison. River déclara alors qu’il connaissait la réputation de Shran mais qu’il ne pensait pas que c’était à ce point-là.

-Il est exigent et pas toujours facile à vivre. Mais c’est aussi quelqu’un avec un grand cœur. C’est quelqu’un de bien et c’est, aussi, un excellent réalisateur.

Je souris. Shran est mon ami. Il n’était pas facile à vivre mais c’était quelqu’un sur qui je pouvais compter. Il est toujours là pour ses amis. Je rigolai.

-Mais ça ne l’empêchera pas de m’en vouloir si jamais je regarde la série de Maxwell.

J’avais parlé de ma collocation avec Brent ce qui amena River à déduire qu’il était l’un des rares à avoir vu mon appartement. En réalité, il était le seul et il se demanda pourquoi je l’avais choisi lui. Il était tellement doué pour poser des questions qui peuvent me faire bafouiller !

-Heu… Parce que…

Hugh ! Tu n’es pas un adolescent ! Ressaisis-toi !

-Parce que j’en avais envie. Puis, c’était le meilleur endroit pour te recevoir. Pour qu’on soit que nous deux…

Inutile de cacher qu’il me plaisait. Je pense bien qu’il l’avait déjà remarqué. Ce que j’avais plus de mal à cerné c’est si les choses étaient entièrement réciproque. C’est pour ça que j’avais un peu peur de me dévoiler entièrement.

Je finis par m’asseoir sur ses genoux et sentir sa main dans mon dos me rassura sur le fait que sa proposition d’il y a quelques secondes n’était pas un blague. On aborda alors des thèmes plus lourd : ceux des dernières nouvelles de Los Angeles. Il y avait eu deux morts dans le monde de la musique et l’une d’entre elles était Samantha Ricci. River m’avoua n’avoir pas fort apprécié Samantha de son vivant. Je ne jugeai pas car je ne connaissais pas du tout la manager. J’avais juste beaucoup de tristesse pour la famille qu’elle laissait derrière. Mais River était persuadé que Ricci s’en remettra et que les enfants de Samantha était trop jeunes pour vraiment se souvenir de leur mère. C’était quand même quelque chose qui allait les marquer toute leur vie.

-Je sais mais… Ça ne doit quand même pas être facile à vivre. Ils devront grandir sans mère. Ce n’est pas évident.

Je sais que bien des gens grandissent sans l’un de leur parent mais ça n’en restait pas moins un drame quand il s’agit d’une mort violente comme celle de Samantha. Je trouvais ça effrayant et River confirma alors que j’avais baisser les yeux en repensant à tout ça et quand je le relevai ce fut pour voir le regard étrange de River. Il semblait comme regarder dans le vide mais son regard ne semblait pas être ni triste, ni spécialement effrayé. Mais il était toujours difficile, pour moi, d’interpréter les expressions de River.

On changea alors de sujet pour passer à ce qu’on faisait, chacun de notre côté. Moi, je bossais alors que River faisait de même tout en essayant de se reconstruire une vie sociale. Je lui proposai de lui présenter mes amis s’il le désirait. Il accepta avec enthousiasme me faisant sourire. Il disait se sentir seul.

-Je comprends. Je sais ce que c’est. Et si tu te sens seul, tu n’as qu’à me téléphoner. On pourra se faire des sorties. Ça pourrait être bien de passer un peu plus de temps ensemble.

Je tentais le coup… Si je ne le faisais pas, je risquais d’être plein de regrets et je n’en avais pas envie. Même si la peur d’être rejeté était toujours bien présente…

River me demanda alors si j’avais trouvé un agent. Je répondis par la négative mettant en avant que j’avais peur de choisir. Il me proposa alors son propre agent. Il n’avait pas que des bons mots pour son agent mais il disait qu’il était compétent. Mais c’est sans doute le regard de River et le fait que partager un agent nous permettra de nous voir plus souvent qui me fit me décider sans réfléchir réellement.

-C’est une bonne idée ça ! Je le contacterais… En espérant qu’il veuille bien de moi…

Je me mordis la lèvre. Il me faudra le convaincre… Ou peut-être pas. Je n’en savais rien, en fait. Je verrais. Je fis alors une petite moue.

-Pourquoi tu dis que c’est une poule mouillée ?

Je ne savais pas s’il pensait ça en général ou bien uniquement dans son métier. Quoi qu’il en soit, j’ajoutai.

-Tu sais ce qui me plairait ? Qu’un jour, on puisse tourner dans le même film. Ça, ça pourrait être bien…

Apparemment, Hugh était réellement impressionné par le plateau. Je regardai autour de nous comme si je voyais le studio pour la première fois. Puis je fis une moue de réflexion.

-Après les grands espaces de Keeping Our Lands, il faut croire que ce décor-ci m’impressionne moins…

Ou que mes sentiments face à la perception de mon environnement n’étaient pas très développés non plus.

Hugh avait avoué suivre Galactic Wars, ce qui représentait un crime de haute trahison pour Stephen Shran. J’avais dit ça sur le ton de l’humour, mais ma proie, elle, ne voyait pas ça sous forme d’une blague. Shran lui en voudrait vraiment.

Malgré ça, il trouva encore de bon mots pour le réalisateur qui, disait-il, avait un grand cœur et était excellent.

-Je ne peux que te croire pour son grand cœur. Je ne le connais pas. Mais par contre, je dois avouer qu’il est excellent.

Je fis un clin d’œil à Hugh.

-J’ai regardé tous les Spaceship pour te voir en Five.

J’aurais voulu ajouter quelque chose. Pas qu’il était un très bon acteur, ça, il le savait. Non. Quelque chose sur le fait que dans les premiers Spaceship, il était mignon ou quelque chose comme ça, mais ça ne me vint pas assez naturellement. Il faudrait encore que je m’entraîner à faire ce genre de compliments à sous-entendus.

On s’assit… Enfin, je m’assis d’abord, proposant à Hugh de prendre place sur mes genoux. On parla du fait qu’il vivait toujours chez Brent Hughes et que j’avais été le seul à voir son appartement jusqu’ici. Je lui demandai pourquoi et il sembla hésiter.

Mais quand il se débloqua, je lui souris.

-Et on était bien, rien que tous les deux…

Je me mis alors à caresser imperceptiblement son dos, très délicatement, sans que ça ne se voie trop.

On parla des malheurs qui étaient arrivés à L.A. dernièrement et qui avaient été relayés par L.A.People. Hugh en conclut que les enfants de Samantha devraient grandir sans mère et que ce n’était pas évident.

Je haussai les épaules.

-J’ai grandi sans père… Et me suis retrouvé très tôt sans mère. Ça ne m’a pas perturbé. Je n’ai jamais ressenti le besoin de l’un ou de l’autre.

Malgré tout, je lui déclarai essayer de me reconstruire une vie sociale et me sentir seul. Est-ce que c’était vrai ? Non. Je ne me sentais pas seul. J’avais toujours été seul. Mais c’est moins drôle d’être seul que de pouvoir observer les gens, interagir avec eux. Instantanément, Hugh se proposa pour combler ma solitude.

Je lui souris et le regardai dans les yeux.

-Je n’y manquerai pas… J’ai ton numéro, c’est vrai que je devrais te téléphoner plus souvent.

Je lui demandai alors s’il avait trouvé un agent et il s’avéra que non. Alors je lui proposai qu’on se partage Henri Finley comme s’il n’était qu’un vulgaire morceau de viande. Et il était partant ! Ce qui dessina un grand sourire sur mon visage. Avec mon maquillage, ça me donnait vraiment l’air machiavélique.

-Super ! Je lui parlerai de toi ! Mais…

Je tendis le bras et pris un bic sur une petite table non loin, puis la main de Hugh et lui écrivis le numéro d’Henri dessus.

Tout en écrivant, je répondis à la question de Hugh.

-Parce qu’il a peur de moi. J’en fais exactement ce que je veux parce qu’il a peur de moi.

Je lâchai la main de Hugh et refermai le bic. Hugh qui rêvait déjà qu’on puisse jouer dans le même film.

-Ce serait génial, en effet… Tu as une idée de casting ? Ou tu lances ça juste comme ça ?

River, lui, n’était pas impressionné par le décor. Il en avait vu d’autres en tournant Keeping Our Lands. C’est clair qu’entre de grands espaces et un studio bourrés de décors, il n’y avait pas photo sur la grandeur. Je comprenais, donc, que ce qu’il y avait ici ne l’impressionnait pas le moins du monde.

On évoqua mes quelques infidélités à Spaceship qui pourraient bien me valoir les foudre de mon ami, Shran. Un Stephen que le monde entier savait exigeant. C’était le cas mais c’était aussi quelqu’un avec un grand cœur ce que je ne manquai pas de dire à River. Il disait ne pas le connaitre mais qu’il appréciait tout de même le talent du réalisateur. Je souris hochant de la tête avant de rougir légèrement quand River disait avoir vu tous les Spaceship juste pour me voir en Five.

-C’est vrai ?

Je rigolai un peu nerveusement.

-Parfois, je me dis qu’heureusement qu’il y a mon nom au générique, sinon, avec le déguisement, on a du mal à me reconnaitre.

Chose qui n’était plus le cas dans les nouveaux épisodes où Five apparait et qui venait de sortir ce mois-ci. J’aimais bien le nouveau design de Five. Ça le rendait plus humains et ça témoignait bien de son évolution.

J’avais avoué que River avait été le premier et le seul à voir mon appartement. Il se demandait pourquoi et je me mouillai un peu en disant que c’était le meilleur endroit pour qu’on soit tous les deux. Il souffla alors que c’était bien rien que tous les deux me faisant légèrement frissonné. J’affichai un léger sourire soufflant à mon tour :

-Oui… On était bien.

Je sentis de légère caresse dans le bas de mon dos. J’essayais de ne pas trop y prêter attention pour ne pas perdre le fil de la conversation qui devint un rien plus sérieuse quand on évoqua les morts tragiques qui s’étaient passées à L.A. ces derniers temps. Je ne pouvais que compatir à la tristesse des familles et penser que, pour les enfants de Samantha, ça allait être difficile de grandir sans mère. Mais River, qui avait, aussi, eu son lot de deuil, disait que grandir sans père et puis, sans mère, ne l’avait pas perturbé. Il ne ressentait le manque ni de l’un, ni de l’autre mais je savais que sa relation avec sa mère était complexe.

-C’est à la fois une chance… Et un peu triste aussi. Je n’arrive pas à imaginer ce que c’est de grandir sans parents.

J’avais eu la chance d’avoir des parents aimant même si les choses s’étaient dégradées une fois que j’ai sombré dans la drogue. Mais tout ça était de ma faute. Rien que la mienne. Pas celle de mes proches. Je regrettais encore ça aujourd’hui surtout que, depuis, autant ma mère que mon père étaient décédés.

River déclara qu’il était doucement en train de se refaire une vie sociale mais semblait peiner à y arriver se sentant souvent seul. Je me dévouai pour combler sa solitude et mon sourire s’agrandi quand il accepta disant qu’il devrait téléphoner plus souvent.

-Moi aussi…

C’est ce que je soufflai bien décider à lui téléphoner plus souvent moi aussi. J’en avais envie et je commençais à nourrir, désormais, l’espoir que les sentiments que j’avais pour River étaient réciproques.

Un River qui me proposa de partager son agent chose que j’acceptais sans réfléchir plus longtemps. L’idée de le voir plus souvent rient qu’à cause de ça me séduisait. Il déclara qu’il allait parler de moi à Henri Finley.

-Merci.

Il prit alors mon bras et s’empara d’un bic pour inscrire sur ma main le numéro de son agent. Je le laissai faire écoutant sa réponse sur le pourquoi Finley était une poule mouillée. Il affirma que c’était parce que l’agent avait peur de lui. Je levai un sourcil. River m’intriguait et me fascinait… Mais il ne me faisait pas peur. Je savais faire la part des choses entre l’acteur et l’homme. Un homme que je cherchais petit à petit à mieux connaitre.

-Il a peur de toi ? Pourquoi ? Tu ne fais pas spécialement peur.

Je rigolai un peu en disant ça avant de lancer que j’aimerais, un jour, pouvoir tourner un film avec River. Il confirma que ça serait bien me faisant sourire. Il se demanda si je lançais ça comme ça ou si j’avais des idées de casting.

-Je lance ça comme ça… Je sais que Shran va bientôt faire de nouveaux castings pour son prochain film. Mais s’il y avait un rôle fait pour moi, il m’en aurait déjà parlé… Mais peut-être qu’il y en aura un pour toi, qui sait ? Je peux te tenir au courant, si tu veux ? Les castings de Shran ne sont pas simples mais ça vaut le coup de tenter. Avec lui, si tu arrives à le convaincre, tu peux être sûr qu’il te rappellera pour d’autres films. Je lui dois une bonne partie de ma carrière.

Il avait ses acteurs fétiches et j’en faisais partie.

-Mais un jour, qui sait ? On aura peut-être la chance de travailler ensemble. Je l’espère en tout cas.

Je m tournai légèrement vers lui pour lui sourire.

Hugh semblait étonné que je me sois refait tous les épisodes de Spaceship pour le voir jouer Five. C’était vrai, ce n’était pas un traquenard. Pas vraiment. Je savais qu’en le regardant jouer, je saurais peut-être cerner un peu plus l’homme qu’il était. Surtout qu’il m’avait déjà dit avoir mis beaucoup de lui-même dans le rôle du cyborg.

Je lui souris.

-Bien sûr que c’est vrai.

Il était content que son nom soit au générique parce qu’autrement, c’était difficile de le reconnaître. Je rigolai…

-C’est vrai. Le nouveau design de Five est quand même mieux dans The New Generation…

Parce que le cyborg n’était plus autant bouffé par ses implants et que donc, en ayant pas la moitié du visage cachée, Hugh pouvait être plus subtil dans son jeu.

On parla de son appartement que j’étais le seul à avoir pu visiter… Et je lançai qu’on avait été bien tous les deux, juste nous deux. Juste pour ancrer encore plus mon emprise sur lui. Il était dans ma toile et j’étais en train de le charmer pour l’endormir afin de l’emballer d’un beau fil de soie…

…pour le dévorer vivant plus tard.

Puis on passa aux dernières nouvelles de L.A. qui étaient très sombres et ça me plaisait beaucoup. Et si moi je me retenais de jubiler à l’idée que Samantha se soit fait déchiquetée par une pluie de plombs, Hugh, lui, s’en venait mal à l’idée qu’elle laisse derrière elle ses deux enfants. Mais comme je le lui fis remarquer, on avait pas besoin de parents pour s’en sortir. Moi, j’avais fait sans.

Et j’étais parfaitement équilibré, non ?

Hugh, lui, avait apparemment grandi avec ses deux parents. Je haussai les épaules.

-Je ne sais pas ce que ça fait alors je ne saurais pas te dire si ma vie aurait été différente…

Je fis une brève moue de réflexion feinte… Puis on décida d’un commun accord de nous voir plus souvent. Se téléphoner et tout. Et pourquoi pas, partager mon agent ! Ouais ! C’était encore la meilleure façon de trainer pratiquement tout le temps ensemble ! Je lui écrivis donc le numéro de téléphone de Finley sur la main afin qu’il puisse le contacter. Et l’acteur me remercia.

-Y a pas de quoi.

Il me demanda pourquoi Henri avait peur de moi. Hugh disait que je ne faisais pas spécialement peur et cette dernière déclaration me fit me tourner brusquement vers lui.

-Ah non ? Je ne te fais pas peur ?

Puis, réalisant que ça pouvait être mal pris, je me radouci et fit comme si je venais de faire un trait d’humour. Puis, je soupirai…

-Il n’est pas le seul à avoir peur de moi… La copine de Nathan J. Williams a peur de moi aussi… Au point que Nathan n’a pas eu d’autre choix que de me pousser gentiment vers la sortie…

Je feintai un regard un peu malheureux.

-Tu vois pourquoi c’est dur de me reconstruire socialement. Mon internement a fait peur à tout le monde.

Hugh, lui, comme il n’avait pas peur, espérait qu’un jour, on se retrouve dans le même film. Je me demandais s’il avait une idée derrière la tête mais pas vraiment, hormis le fait que Shran allait organiser bientôt des castings pour un nouveau film.

Mon visage s’illumina.

-Bien sûr que je veux que tu me tiennes au courant ! Jouer dans un film de Stephen Shran, ça fait beau sur un CV !

J’eus un petit sourire en coin.

-On verra qui de nous deux est le plus impitoyable comme ça. Mais ouais, j’espère qu’on travaillera un jour ensem…

-Moriarty ! A toi !

C’était Maxwell qui voulait reprendre ma scène.

-Bon, faut que j’y aille.

Je déposai un baiser plus rapide que la lumière sur le coin de la bouche de Hugh puis l’éjectai presque de mes genoux avant de me rediriger vers le plateau en lui lançant.

-Tu peux rester regarder, si tu veux !

Nous étions d’accord, River et moi, sur le fait que le nouveau look de mon personnage, Five, était mieux dans les tous nouveaux épisodes de la série. Pas que je n’aimais pas l’ancien design. Il allait très bien avec l’histoire de Five. Mais, en tant qu’acteur, c’était bien mieux de jouer avec moins de maquillage et d’accessoires sur soi.

C’est, désormais, bien calé sur les genoux de River que j’échangeais avec lui. Il arrivait à me faire rougir avec tellement de facilité que je me trouvais, par moment, bien pathétique. Je n’étais pourtant plus un adolescent… Pourtant, il m’arrivait parfois d’agir comme tel !

On avait brièvement parlé des dernières nouvelles bien noires qui nous étaient parvenues par L.A.People. J’avais beaucoup de compassion pour la famille de Samantha et, notamment, pour ses enfants. Mais River, lui, était plus détaché que moi sur la chose. Il faut dire qu’il n’avait pas eu de père et que sa relation avec sa défunte mère avait été difficile. Il ne savait pas, contrairement à moi, ce que ça faisait de grandir dans une famille aimante et, du coup, de ressentir le manque de ses proches. Il affirma qu’il ne savait pas si sa vie aurait été différente s’il avait perdu ses parents dans le cas où il aurait pu en avoir.

-Je comprends.

Difficile d’imaginer une relation qu’on avait pas eu. Or, River avait grandi sans attache parentale. Moi, je n’arrivais pas non plus à m’imaginer à sa place. Je pouvais, donc, comprendre qu’il ne puisse pas compatir aussi bien que moi à la perte que venait de subir les enfants de Samantha.

On se promit alors de se téléphoner plus souvent et j’acceptai, au passage, d’essayer de convaincre Finley, son agent, pour qu’il me prenne comme talent. River lui parler de moi et je le remerciai alors qu’il en avait profiter pour inscrire le numéro de téléphone de Finley sur ma main.

Un Henry Finley qui, visiblement, avait peur de River. Personnellement, je n’avais pas du tout peur de River et je ne le lui cachai pas. Il en fut surpris ce qui, sur le coup, me prit un peu de court. Mais je me mis à rire quand je vis bien qu’il plaisantait quand son visage se radoucit.

-Non. Pas du tout.

Ça n’empêchait que certaines personnes avaient bel et bien peur de lui… Même la petite amie de Jerry The Kid, visiblement, avait eu peur de lui au point de faire en sorte que le chanteur de The Burning Fire le mette gentiment à la porte. Je pris un air compatissant. Apparemment, certaines personnes n’arrivait pas à faire la part des choses et à connaitre River au-delà de ses films et de son internement injuste.

Car oui, j’avais décidé que tout ça était injuste.

-Je l’ignorais… C’est triste de se faire mettre à la porte sans justification…

Tout ça parce que les gens ont peur et ne cherchent pas à comprendre. C’était le genre de chose qui me révoltait. Surtout que Nathan avait, apparemment, pris le parti de sa petite amie ou bien il avait peur de devoir choisir entre sa petite amie et son ami…

Je voyais bien que tout ça touchait River qui disait que se reconstruire socialement était difficile dans ces conditions.

-C’est parce que les gens ne prennent pas le temps de te connaitre. Mais tu verras… Je suis sûr que ça changera.

Je l’espérais sincèrement.

Je mis alors en avant le fait que j’aimerais pouvoir, un jour, pouvoir tourner avec River. C’est en parlant de ça que j’en vins à évoquer les futures castings que fera Shran pour son prochain film. Ça enthousiasma River ce qui me fit sourire.

-Oui, ça fait beau sur le CV, en effet. Et c’est une belle expérience aussi. Je te tiendrais au courant.

Je rigolai un peu quand River disait qu’il pourra, ainsi, voir qui de lui ou de Shran est le plus impitoyable. J’aurais voulu répliquer quelques chose mais, hélas, River fut appelé pour se remettre au travail. Je fis une petite moue déçue. Sans doute parce que j’étais un peu trop bien là…

Mais toute bonne chose à une fin et je n’avais pas envie de mettre River à mal avec Maxwell… Ni me mettre à mal avec Maxwell qui semblait déjà m’en voulait juste parce que je bosse sur Spaceship…

Mais je ne m’attendis pas à ce que River pose un baiser tout au coin de mes lèvres me faisant très brièvement fermer les yeux. Il me fit me lever ensuite me surprenant alors que j’étais encore coincé à ce baiser. Du coup, je répondis un peu en retard et un peu bas à sa proposition.

-Heu… D’accord… Oui, je vais regarder…

Et c’est ce que je fis. Je regardais River jouer mon cœur battant toujours très vite après cette conversation et tous les gestes qu’il avait fait et qui me faisait me dire que, finalement, je ne me faisais peut-être pas tant d’idées et que River était bel et bien sur la même longueur d’ondes que moi.

C’est, en tout cas ce que, à ce moment précis, j’avais décidé de croire.